Hôtesse au salon de l'Auto

Pas de salon de l'Auto sans hôtesses.

Dans un temps reculé, au tout début des années 90, je fus hôtesse au Mondial de l'Automobile (en général on parle de voitures, mais au moment du salon, on préfère le mot "automobile" et son petit côté désuet). C'était l'époque de la folie des pin's, il y avait tout un trafic entre vendeurs et hôtesses des différentes marques, c'est dire si cette histoire date. 

Cette aventure m'a beaucoup amusée. D'abord les deux journées de formation dans un centre de conférences: une centaine de filles rassemblées pour apprendre quelques notions de mécanique, belle gageure. Transportées en car, nous avions l'impression de partir en colonie de vacances, et la bonne humeur règnait. Nous avons beaucoup gloussé et mis à l'épreuve le pauvre formateur.

Sur le stand Peugeot, l'ambiance était plus sérieuse, chacune à son poste, près de "sa" voiture. Nous avons découvert nos alter-ego masculins, les commerciaux, aux dents beaucoup plus longues que nous et surtout intéressés au chiffre des ventes. Ils avaient des cravates assorties à nos pochettes (l'art du détail), étaient bavards, le plus souvent provinciaux et libres (entendre: jeunes épouses et enfants en bas âge à la maison) et plutôt joyeux.

Nous étions étudiantes, et nous nous sentions assez éloignées de cet univers voiture et business, et surtout un peu déguisées dans nos tailleurs cintrés. Cheveux attachés, collants chair, rouge à lèvres et vernis rouge vif, les consignes étaient strictes et non négociables. Rester aimables et souriantes en toutes circonstances (oui, même avec les gros lourdingues qui profitent de la situation). Il nous fallait donc, en plus de notre mission première (renseigner les clients), gérer avec le sourire les commerciaux jolis coeurs et les visiteurs charmeurs. Notre formateur avait omis de nous dire que ce serait le plus gros du job. Quinze jours intenses et assez instructifs finalement.

Voitures rutilantes, nouveaux modèles, belles carrosseries, offres salon... Nous avons vu défiler des foules compactes, beaucoup d'hommes, des pères et leurs fils, des jeunes, des vieux, des timides, qui tournent dix fois autour d'une voiture avant d'oser la toucher, d'autres qui s'installent au volant et ferment la porte, difficiles à déloger. A plusieurs reprises j'ai reçu par hasard sur le stand des copains de mon père, surpris de me trouver là dans ce costume de secrétaire 50's.

Les stands les plus fréquentés étaient ceux des voitures de luxe ou de prototypes futuristes. Je ne doute pas que ce soit toujours le cas. Les constructeurs vendent du rêve, et ça marche. J'ai vu des hommes, des étoiles dans les yeux, tomber amoureux d'une voiture. La belle voiture, c'est le fantasme absolu. Les petites hôtesses... c'est juste pour la gaudriole !

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