le 14 juillet

Les odeurs de pétards et de pralines, le sable humide de la nuit tombée sur la plage, la foule. Ce soir là je mettais une robe, et c'était un moment important de l'été : le feu d'artifice sur la Croisette. Des heures pour se garer, les parents qui s'énervent, et nous, inquiètes de rater le début du pestacle. Je revois mon frère, âgé de deux ans ou trois ans, hurlant dans les bras de ma grand-mère. Il était terrorisé par le bruit et se cramponnait à elle à chaque nouvelle détonation, comme si la fin du monde avait sonné. Mais ça n'arrivait pas à me détourner de la magie du moment. C'était tellement beau ces gerbes de lumières et ces explosions de paillettes qui se reflètaient dans la mer... ça résonnait dans mon corps, j'étais comme en extase. 

Une année, j'avais eu un collier phosphorescent. J'étais tellement fière que j'avais l'impression qu'on pouvait me voir dans la nuit à des kilomètres. Quelle angoisse quand il a commencé à faiblir. Je l'avais mis sous mon oreiller pour qu'il brille pour toujours. Mais le lendemain, il n'était plus qu'un vulgaire bout de plastique sans intérêt. Grosse déception. J'ai tout essayé, le chauffer au soleil, le mettre sous une lampe, sous mon lit. Je crois que j'ai fini par le découper pour voir ce qu'il avait dans le ventre.

Le 13, à  Vallauris, il y avait le bal avec lampions et orchestre. Ce que je préfèrais, c'était regarder défiler la fanfare et les majorettes. Je les trouvais irrésistibles avec leurs jupettes blanches et leurs bâtons qui tournoyaient à toute vitesse au-dessus de leurs têtes. A cette époque, voilà le métier dont je rêvais : majorette. ça faisait sourire mon père et mon oncle. Allez savoir pourquoi. 

Par contre le défilé militaire sur les Champs était une affaire sérieuse que nous regardions religieusement à la télévision. La Légion, les pompiers, les Polytechniciens... Mon père faisait tout un tas de commentaires sur leurs costumes. Moi, je préférais la garde républicaine et le bruit des sabots sur les pavés. Je me souviens y être allée une fois "en vrai" avec lui. Je n'ai rien vu tellement il y avait de monde, mais c'est là que j'ai découvert l'existence et l'intérêt du périscope. Un engin tout bête, mais très malin.