Paris-banlieue

Plus parisienne, c'est impossible. Je suis née à Paris, j'ai grandi à Paris, j'y ai été écolière, étudiante, j'y ai travaillé, mes bébés y sont nés. Paris, c'est chez moi, je m'y sens bien. J'aime Paris, ses rues, son bitume, ses cafés, ses musées, ses touristes, ses boutiques, ses églises, ses parcs, ses cimetières, ses marronniers et ses crottes de chien.

Les années passant, les enfants grandissant, il a fallu se résigner à passer le périphérique pour gagner quelques précieux mètres carrés. Quelle perspective angoissante ! En bonne parisienne, ce déracinement me semblait impossible. Je m'étais longtemps gentiment moquée de mes copines qui se vantaient d'allumer leur BBQ au premier rayon de soleil, mais il fallait se résigner. Devenir banlieusarde à mon tour, un compromis pour continuer à profiter de Paris.

Prendre le RER et découvrir qu'il y a des bus à trois chiffres, trouver mignons des petits pavillons, symboles de tout ce que mes parents exècrent. Trahison, leur fille en banlieue, quel destin... Une erreur de logiciel sans doute.

La banlieue, ça ne fait pas rêver, il faut bien l'avouer. Aucune unité architecturale, couvre-feu à 19H30 à la belle saison, trois mois de délai pour renouveler une carte d'identité, commerces fermés à l'heure du déjeuner, et des taxis qui ne veulent pas te ramener chez toi.

A Paris, il y a toujours du monde, de la lumière, de la vie. On peut aller manger ou boire à n'importe quelle heure juste en bas de chez soi. En banlieue, on reste chez soi ! ou dans sa voiture d'ailleurs, qui finit par être une deuxième maison. Des candidats ? Je ne pense pas que l'on devienne banlieusard par choix, mais on finit par y trouver quelques avantages et satisfactions. Ici, la postière est adorable, elle sonne même pour déposer les recommandés. Ce n'est pas à Paris que ça arriverait. Attends, je cherche d'autres trucs bien. Nous avons la chance de voir passer des vols de canards sauvages au-dessus de la Seine, les honoraires des médecins sont beaucoup plus raisonnables, on a de beaux centres commerciaux, on a... OK on fait pas le poids. Mais quand même quels snobs ces parisiens je te jure !